Matthew Byron

Depuis que je suis gamin, on m'a toujours reproché d'être un garçon difficile à cerner à cause de plusieurs choses. Après, je n'en suis pas si sûr, j'ai toujours eu l'impression qu'on exagérait énormément sur moi.
Comment dire, je suis déjà quelqu'un qui n'aime pas trop la solitude. Cela fait de moi un garçon sociable, cependant je ne cache pas que je suis quelqu'un de plutôt timide, on dirait presque que je me referme sur moi-même comme pour me protéger. Je ne fais cela par mal, c'est qu'on m'a toujours apprit à éviter les longues conversations. Je n'en tiens évidemment plus rigueur, mais j'ai tendance à appliquer sans le savoir ce principe. Du coup, cela arrive que j'ennuie des personnes par mon changement de personnalité. Mais peu importe.
Je n'ai presque aucune confiance en moi, j'ai toujours l'impression de faire des erreurs et pour ponctuer le tout, je m'excuse régulièrement pour les autres. Même si ce n'est pas mon habitude de me mêler des affaires des autres, je suis toujours entrainé dans leurs histoires malgré moi. Comme je suis quelqu'un de serviable, voire complétement naïf, j'aide tous le monde sans vraiment comprendre.
Mon plus grand défaut, c'est sans doute mon pessimisme ambiant. Je ne veux demoraliser personne, mais j'ai tendance à me maltraitrer mentalement, comme si je méritais qu'on me jette des pierres dans la rue. Du coup, l'espoir et toutes les portes qui ouvrent à la liberté se referment devant moi, car je préfère ne pas espérer et n'avoir pas mal en fin de compte.
Je suis doux et patient, toujours -ou presque- en train de sourire. J'aime voir les gens heureux autour de moi et pour cela, je ne lésine pas sur les moyens, malgré mon caractère très très calme. Je ne suis pas quelqu'un qui part dans des rigolades incessantes ou des explosions de joie.

Physiquement, on m'a toujours déclaré "mignon"... Mais je n'approuve pas cette vision de moi. Qui peut dire que je suis oui ou non "mignon"? En plus, je ne le pense pas et voilà pourquoi...
Depuis que je suis enfant, on m'a toujours dit que j'étais étrange à cause de mes cheveux gris-blancs... Je n'ai pas d'explications jusqu'à ce jour sur la raison d'une telle coloration, mais qui peut trouver des cheveux gris beaux? En plus, j'ai toujours une grande mèche qui me dérange, mais à force que je la laisse sur mon visage ou que je l'attache avec une pince ou un chouchou, je me suis attaché à elle et je la garde. J'ai des yeux de couleur vert, qui ressortent sur ma peau blanchâtre comme ceux d'un vampire... ou un peu moins, en tout cas, ma peau est très blanche! Je suis plus grand que la moyenne des garçons de mon âge, pas de grand chose, 2 ou 3 cm tout au plus. Mais cela me marque beaucoup, j'ai toujours l'impresson d'être une échelle... De plus, je ne suis pas bien épais ce qui me rend encore plus nerveux...
J'aime le sportif, enfin, à petite dose. Il m'arrive de faire un jogging pour me vider la tête. J'ai aussi une autre excuse, comme je suis assez gourmand, cela me permet de me raisonner avant de me jeter sur un gâteau ou autre...
Parlons un peu de ma voix. J'ai très vite mué et d'une façon particulière. En effet, je n'ai que 18 ans, mais je parle comme un adulte de 25 ans minimum. On trouve cela impressionnant et on me compare tous de suite à un séducteur avec une voix très suave... Je parle lentement et doucement, ce qui me donne une nature passive et je donne l'impression d'un grand frère. Lorsque je chante, ma voix devient encore plus douce mais plus intense aussi. Comme on dirait, je ne manque pas de "coffre".
Mon style vestimentaire est très peu original. Je m'habille en fonction de me goût, la plupart du temps en noir je dirais, même si cela m'arrive de porter de la couleur. Je reste aussi neutre sur ce point de vue, même si parfois, je me m'autorise un débordement, avec des styles tirant sur le gothic, mais alors vraiment très petit. Par contre, j'ai une tendance pour les bagues, les montres, les bracelets et les colliers.

Dans l'avion, j'avais l'impression d'être seul, éloigné de mon monde. J'entendais les bruits autour de moi, les pas des autres passagers, des paroles confuses et parfois un enfant criant... J'était cependant là, dans ce brouhaha incessant, silencieux et fixant inlassablement le siège devant moi. Nous allions bientôt atterir, mais était-ce réellement le bon endroit...? Le Japon aillait-il vraiment réaliser un rêve de gamin? Qui ne tente rien, n'a rien....

Dans l'aéroport, tous me paraissait rapide, trop pour moi. J'étais dans une foule en furie, avec ma valise plutôt lourde, marchant lentement vers l'emplacement des taxis. Après une petite attente, je me retrouvais dans un taxi, en direction de Fujikura. Le conducteur avait bien voulu m'y emmener, même si la note allait être salée... Quand j'alluma mon portable, je vis un message:
« Good Luck! »
C'était mon grand-père qui m'envoyait ça, comme si cela allait me donner du courage. Bientôt, j'allais découvrir ma nouvelle voie à suivre... Enfin, je l'espérais.

Pendant que j'y suis, pourquoi ne pas vous raconter une petite histoire, la mienne pour être précis. Vous devez vous demandez ce que fiche un anglais au Japon, surtout à 17 ans. Et bien, c'est un peu difficile de tous raconter. Je viens d'une famille plutôt aisée, vivant à Londres jusqu'à présent... Je ne me plains pas du confort dont j'ai toujours bénificié, cela serait un manque profond de respect. Combien de personne aurait voulu être à ma place? En tout cas, ma vie n'a jamais été aussi rose qu'on oserait le croire...

Je n'ai jamais vraiment vécut avant mes onze ans... Mes parents m'ont souvent déçu. Mon père me voyait déjà à la tête de son entreprise et moi, habitué à ses paroles, à ses gestes, j'obéissais, comme un petit chien. Ma mère, elle ne disait rien, jamais rien... C'est d'elle que je tiens mes longs silences. Ma vie était une longue descente sans difficulté, car toutes les portes étaient ouvertes à un garçon ayant les moyens de payer. La seule musique que j'écoutais à l'époque, c'était celle de mon père, c'est à dire du classique. C'était beau, je l'accorde, mais cela n'activait pas mon imagination, je restais dans l'idée que le musique n'était qu'un art superficiel... Puis, par enchantement je dirais, mes grands-parents paternels, que je n'avais pas vu depuis ma naissance, décidèrent enfin de me connaître. Ils débarquèrent dans notre manoir et m'embarquèrent chez eux pour un week-end. Mon grand-père était l'inverse de son fils, il riait en permanence, il me demandait systématiquement si j'allais bien, si je m'amusais. De plus, il adorait la musique, mais pas les opéras de mon père, LA musique, comme il disait. Il cria au scandale quand je lui appris que je ne connaissait pas les Beatles. Quand j'entendis les premières notes, les premières paroles, je compris ce qu'était LA musique...

Depuis, quand j'allais chez mon grand-père, je dévorais ses musiques, mais deux styles totalement différents s'imposaient à moi: le rock et le jazz. Je prenais un plaisir fou à écouter la musique, peu à peu je commençais à chanter dans une murmure les morceaux de Louis Armstrong que je connaissais par coeur... Mon père le remarqua et cela ne l'enchantait pas. Du coup, il prit à nouveau ma vie en main et plutôt que passer mes dimanches chez ses parents, j'apprenais le japonais pour y faire plus tard mes études... Ce fut cette fois comme une descente en enfer. Je perdais à nouveau pied et les dimanches musicaux me paraissait bien loin maintenant. J'arrivais sur mes douze ans... Après cela, j'ai maîtrisé peu à peu le japonais, ne parlant plus que cette langue chez moi, pour me venger un peu de mon père. Puis, le jour de mon treizième anniversaire arriva, je demandais à mon père de prendre des cours de musique. Ce fut comme une mise à mort pour mo père, qui refusa sur le champs. Pour ma part, je préférais encore partir que de rester plus longtemps dans la situation dans laquelle je me trouvais. Mon grnd-père m'embarqua donc chez lui et mon père, depuis ce jour, refusa tous contact de moi. Mon grand-père conserva les cours de japonais, pour que je puisse m'y enfuir plus tard. Ce qui changea dans ma nouvelle vie, ce sont les cours de chant que me fit prendre mon grand-père.

Maintenant, je vois la ville de Fujikura. L'école que je bientôt intégrer avec ma voix. Comme c'est drôle, je vais chanter comme si on me l'avait toujours autorisé. Mon grand-père n'a pas arrêté de me réconforter en me disant que ma voix de "vieux séducteur" allait faire sensation... "Vieux séducteur"? Je souriais doucement.